Observations d’une doyenne sur la politique locale

Texte de Suzanne Dansereau, journaliste et conseillère indépendante

Premier article d’une série de portraits consacrée à la parole des aîné·es, ce texte s’inscrit sous le thème des élections municipales.

Les élections municipales approchent à grands pas et plusieurs citoyens et citoyennes réfléchissent à la place qu’ils et elles occupent, ou aimeraient occuper, dans la vie démocratique de leur municipalité. Parmi ces personnes, Jacqueline Breault, 89 ans, observe avec attention les dynamiques locales et soulève des questions qui résonnent bien au-delà de sa municipalité.

Elle s’interroge : pourquoi les conseils municipaux sont-ils constitués de partis politiques plutôt que de conseillers indépendants? Elle est persuadée que cela nuit à la démocratie.

« Les membres de la liste des conseillers ne font que se rallier au programme de leur parti. Ils ne prêtent pas attention aux besoins de leurs voisins, mais écoutent plutôt les dirigeants de leur parti. Ils sont de connivence, ils forment un clan. Il y a trop peu de diversité d’opinions au conseil municipal et pas assez de dialogues avec les citoyens. »

Elle déplore également un manque de proximité dans les décisions municipales. Pour elle, la participation citoyenne passe aussi par un langage clair et accessible.

« Je souhaite plus de démocratie au niveau municipal. J’aimerais pouvoir discuter avec les conseillers et le maire lors des séances de conseil au lieu qu’ils me renvoient aux réponses de l’administration en place. De plus, je pense que les séances de conseil devraient être tenues dans un langage que la majorité des citoyens peut comprendre. Ces réunions sont ardues et fastidieuses, ce qui décourage l’implication des citoyens. À mon avis, les réunions du conseil devraient être enregistrées en vidéoconférence afin qu’un plus grand nombre de citoyens puisse y assister.

Mais son regard critique s’accompagne aussi de propositions bien concrètes. Qu’y a-t-il sur sa liste de souhaits pour ces élections ?

« Qu’on construise des logements sociaux, qu’on mette en place une ligne téléphonique pour s’informer sur le bien-être des personnes âgées isolées, et que soient organisés plus d’événements intergénérationnels ».

Ancienne enseignante, elle continue à créer des ponts entre les générations. Elle a récemment rendu visite à l’école primaire de son arrière-petit-fils et a partagé des histoires sur la vie à Rawdon avant l’arrivée de l’électricité. « Ça a été une expérience mémorable ».   

À travers son regard lucide, c’est tout un appel à la participation citoyenne qui se fait entendre. Jacqueline nous rappelle que la démocratie locale gagnerait à faire une plus grande place au dialogue.