Chronique littéraire – Cent ans d’amour, de Jeannette Bertrand
- Marie-Claude Leblanc
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Il y a des livres qu’on ouvre comme on ouvrirait la porte de notre maison à une vieille amie. Cent ans d’amour, de Janette Bertrand, fait partie de ceux-là. Dès les premières pages, on entre dans un univers intime et apaisant, un peu comme si on prenait le thé avec elle.
C’est un livre qui nous parle doucement, mais directement au cœur. Janette Bertrand signe ici un ouvrage à la fois intime et universel. Fidèle à son style, elle y partage ses réflexions sur la vie, le couple, le vieillissement et les relations humaines, dans un ton chaleureux et sincère. Ce n’est pas un essai, encore moins un roman : c’est une conversation bienveillante, remplie d’humour, de lucidité et de tendresse. On sent que Janette écrit au fil de son cœur, avec la volonté de comprendre, transmettre et relier.
Chaque texte se lit indépendamment, mais ensemble ils forment une mosaïque de sagesse et d’émotions.
Dès les premiers chapitres, on retrouve ses thèmes de prédilection :
• L’amour sous toutes ses formes : amoureux, familial, amical, intergénérationnel.
• Le passage du temps et la mémoire, ce qu’on garde et ce qu’on transmet.
• La condition des femmes, abordée avec douceur mais sans complaisance.
• La société qui change, observée avec curiosité, étonnement et indulgence.
« Vieillir, ça s’apprend. Et plus on commence jeune, mieux c’est. »
À travers ses mots, Janette Bertrand nous rappelle que vieillir n’est pas une fatalité, mais un art de vivre. C’est dans cette simplicité pleine de profondeur que réside la force du livre : la vieillesse y est envisagée non pas comme une perte, mais comme une conquête de soi, un espace de liberté intérieure. Elle nous invite à revoir nos repères :
« Le problème n’est pas comment on peut rester jeune jusqu’à la mort, mais comment, en vieillissant, on peut se faire une place dans la société parmi les autres de tout âge. »
Dans cette perspective, vieillir devient un acte social, presque politique : il s’agit de demeurer partie prenante du monde, d’y avoir encore quelque chose à dire, à transmettre.
Et cette voix, Jeannette la fait entendre avec dignité :
« Je ne suis pas vieille, je suis une femme de carrière, une mère, une grand-mère, une conjointe, une amie… » À travers ces mots, elle refuse la réduction, le regard qui enferme. Elle se définit par ses rôles, ses liens, ses engagements, plutôt que par les années qui passent.
Avec une lucidité désarmante, elle pose la question que peu osent formuler :
« À quel âge est-on vieux ? »
Et elle y répond avec aplomb :
« La jeunesse, la vieillesse ne sont que des façons d’être, de penser. L’âge n’a pas grand chose à y voir. »
Cette phrase, à elle seule, résume toute la sagesse du livre : la véritable jeunesse, c’est celle du regard, du cœur et de l’esprit. Ce qui frappe, dans Cent ans d’amour, c’est la profondeur sous la simplicité. Même si le ton demeure léger, les thèmes abordés, la solitude, la fidélité, la liberté, le bonheur résonnent. Un livre sans prétention, mais d’une grande humanité, qu’on lit lentement, entre deux respirations, pour savourer chaque pensée.
Et peut-être que c’est ça, finalement, la grande leçon de Janette Bertrand : que l’amour, sous toutes ses formes, demeure ce qui nous fait tenir debout, à tout âge.